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Young yakuza

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les avis de Cinemasie

1 critiques: 3.5/5

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6 critiques: 3.17/5

visiteurnote
Toxicguineapig 3.75
Pikul 3.25
Joshi 3.25
Gaor 2
Bastian Meiresonne 3.5


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Tokyo Tribes

"Young Yakuza" est tout sauf un vrai documentaire. Plutôt un docu-montreur.
A l'annonce du projet de Limosin de filmer un clan yakuza de l'intérieur (grâce au soutien de son ami Takeshi "Beat" Kitano), impossible de ne pas attendre le résultat de pied ferme. On se rêvait déjà accompagner des porte-flingues de la carrure de Takeuchi Riki, de trembler devant les soudaines explosions "cheins anti-yakuza" d'un Aikawa Sho, de tourner de l'œil devant l'habituelle séance du couper de doigts ou d'aller s'en latter du caïd en compagnie de Sugawara Bunta.
Si tout cela révèle très certainement davantage du phantasme de l'otaku, les quelques débordements de violence et de la légalité ne seront de toute façon jamais dépeints – et ce à la demande explicite du chef yakuza, qui compare son clan à une organisation bien huilée, qui est parfois obligée de "dépasser la ligne de la normalité", dépassements qui ne seront jamais montrés au cours du documentaire pour pouvoir filmer le reste. C'est en cela, que "Young Yakuza" n'est pas un vrai documentaire. Ce ne sont pas des instants captés sur le vif. Le film rend compte de certains aspects du monde yakuza, mais est entièrement "guidé" par les conseils et restrictions d'un homme, qui ferme la porte à des nombreux points. Pire, certaines séquences semblent entièrement préfabriquées, comme la recherche d'un membre soudainement disparu ou quelques dialogues filmées plan après plan de différents membres du clan et qui constituent un dialogue extrêmement ciselé et joliment découpé; même à plusieurs caméras, impossible de la capter de cette façon. Et puis, il y a ces magnifiques envolées lyriques du chef de clan, véritable "movie star", quand il se met en scène où arpente les rues nocturnes de la capitale tokyoïte, tandis que ses hommes de main arrêtent des quidams en arrière-plan pour ne pas gêner la jolie composition picturale de l'ensemble.
Et pourtant, "Young Yakuza" marche. Tout d'abord par l'extraordinaire immersion dans le quotidien d'un clan, qui n'est effectivement rien d'autre qu'une entreprise familiale extrêmement rôdée avec ses hauts et ses bas (la crise guette à chaque mois et la police durcit les lois envers les yakuzas). Une organisation extrêmement codée et basée sur le principe de la structure hiérarchique même de la société nipponne depuis la nuit des temps. Autant le dire, la plupart des recrues sont tous sauf des lumières, mais des exclus, marginalisés ou mal-aimés, qui retrouvent à l'intérieur d'un clan une sorte de sens à leur vie, un esprit de camaraderie, une occupation plus ou moins valorisante. Ce "copinage" donne lieu à d'extraordinaires séquences semblant tout droit volées d'un film de Kitano, notamment au cours de cette hallucinante sortie BBQ, au cours de laquelle tout le monde se met à rechercher des lunettes tombées au fond d'un ruisseau. Ou ces laïus du parrain, parlant à ses hommes comme à ses enfants.
Ensuite, Limosin ne cache pas la répercussion sur des proches. Des mères de famille inquiètes, ou – au contraire – qui ont explicitement envoyées leur rejeton rejoindre un clan pour un an pour se donner un sens ou se faire "re-éduquer". Les femmes des mafiosi, qui refusent gentiment de prendre quartiers dans le QC de l'organisation le temps, que leur mari soit en prison; qui se retrouvent entre filles, pour échanger sur leurs expériences de vie (impossible de ne pas penser aux forts caractères "IMAMURA"-iens). Et des copains, qui retrouvent leur ami après plusieurs années d'absence.
Et puis il y a cette prise de conscience d'une société en plein chamboulement. Les temps deviennent plus durs, l'argent se gagne moins facilement, l'aura même des yakuzas s'évanouit avec les années. De moins en moins de jeunes rejoignent les rangs, n'étant plus attiré par cet "idéal masculin viril" d'antan, refusant d'avoir à se soumettre à une structure hiérarchique et de se sacrifier pour autrui. Limosin met en parallèle (par des touches discrètes) les chansons engagées et enragées d'un jeune, qui a décidé de rejoindre une autre cause: celle de la liberté d'expression. Cet changement et engagement donne lieu à l'une des plus belles scènes du film: après un générique ni de début (le film a démarré depuis plus d'une heure), ni de fin (il reste une ultime séquence), deux jeunes hommes d'une même génération confrontent leurs points de vue et dressent déjà un premier bilan. Là encore, on se sent loin du documentaire et pris de plein pied dans une fiction hyperréaliste. A l'image de l'entier film.   


30 mars 2008
par Bastian Meiresonne


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